BREAKING (RE)NEWS 9 juin: Sécheresse-éclair, pollution plastique et réchauffement climatique


#BREAKING (RE)NEWS
09-06-2023

La pollution plastique

Après les « pluies de plastique » qui lançaient la Breaking (RE)NEWS de la semaine dernière, place à la « sécheresse-éclair » qui affecte toute la moitié nord de la France et même de l’Europe, depuis trois semaines. Par son timing et son ampleur, y compris en Ile de France, elle est inédite depuis 1949! Une image valant souvent de longs discours, la voici :

Intensité de sécheresse des sols 

Cette sécheresse éclair est attribuée au réchauffement climatique

Sans surprise, cette « sécheresse éclair » qui fait tomber au printemps les feuilles des platanes parisiens est attribuée au réchauffement climatique et ce type de séquence est appelé à se multiplier. Sec et chaud, bien sûr.

Cela tombe bien, si l’on ose écrire, la France vient de se doter d’un « Plan de gestion des vagues de chaleur », autrement dit des canicules. « Nous avions besoin d’une doctrine pour faire face aux vagues de chaleur qui vont se multiplier et s’intensifier, des règles communes pour assurer la continuité des services publics, des activités économiques et protéger les plus vulnérables », explique au Monde Christophe Béchu, le ministre de la transition écologique. Le plan national est disponible sur le site du Ministère . Recensements d’ilots de fraîcheur, envois de SMS aux populations fragiles, nombre d’observateurs louent la prise de conscience mais regrettent des "mesurettes". On vous laisse juges, vous trouverez ici une présentation simple des « 15 mesures » mises en exergue par le gouvernement.

Sans transition, la France serait-elle le mauvais élève de l’Europe des déchets et du recyclage ?

Sans transition, la France serait-elle le mauvais élève de l’Europe des déchets et du recyclage ? C’est en tous les cas l’image donnée par le rapport d’alerte publié cette semaine par la Commission Européenne, qui stigmatise l’ampleur, selon elle, du décalage entre les engagements pris et les performances réalisées. Pour citer Le Monde, « le rappel à l’ordre fait tache après les négociations menées à Paris pour un futur traité international sur la menace plastique ». (…) La France, qui défend un texte de « haute ambition » pour mettre un terme à la pollution plastique d’ici à 2040, fait partie des mauvais élèves européens. Sur le plastique, elle stagne en dessous de 27 % de recyclage (et tombe même à 22 % si on prend en compte les nouvelles règles de calculs pour les emballages). Très loin de l’objectif fixé par l’Union européenne (UE) (au moins 50 % en 2025), très en dessous de la moyenne européenne (près de 40 %) et à des années-lumière des résultats des champions européens comme l’Autriche ou les Pays-Bas (57 %). »

En matière de recyclage des emballages, un sujet qui nous est cher chez (RE)SET

En matière de recyclage des emballages, un sujet qui nous est cher chez (RE)SET, la France se positionne plutôt bien sur le papier carton, le verre ou le bois, mais reste donc loin du compte quant au plastique, comme l’illustre clairement ce graphique de Libération basé sur les données d’Eurostat :

Recyclage des déchets 

Lueur d’espoir dans le sombre tableau brossé par Bruxelles : la France « a introduit de nombreuses mesures nouvelles qui devraient permettre d’améliorer les résultats dans les années à venir. Toutefois, comme il faut généralement du temps pour observer pleinement les effets de ces mesures, il convient d’intensifier considérablement les efforts pour que tous les objectifs fixés soient atteints », conclut le document « d’alerte précoce » consacré à la France. Si l’on osait, on ne remettrait certes pas en cause le diagnostic communautaire dans son message principal, mais des incertitudes méthodologiques demeurent sur la précision de ce type de mesures qui reviennent parfois à comparer des choux à des carottes, tant les systèmes diffèrent d’un pays à l’autre.

Le futur traité international juridiquement contraignant interdisant la pollution plastique

La transition est facile pour débuter nos rubriques hebdomadaires, avec d’abord la demi-surprise de la semaine : un progrès validé in extremis, le week-end dernier lors des négociations de Paris sur le futur traité international juridiquement contraignant (espère-t-on toujours) interdisant la pollution plastique. La Breaking (RE)NEWS, rompue aux négociations internationales, le laissait entendre la semaine dernière : les négociateurs sont joueurs et n’abattent souvent leur jeu qu’à l’ultime instant. Pas d’inquiétude, il reste beaucoup à faire lors des prochains rounds, qui nous mèneront jusqu’en 2024 pour une possible adoption du traité en 2025.

Décarboner la planète

Voici maintenant le scope de la semaine. Vous connaissiez ou aviez entendu parler du scope 1, du scope 2, voire du scope 3 (pour les distraits, l'ADEME rappelle ces définitions ici), voici maintenant « la possibilité d’un scope 4 ». Dans une tribune intéressante au Journal du Dimanche, la Directrice Générale de Veolia, Estelle Brachlianoff l’affirme avec force : « Il faut investir dans les activités polluantes ». Et de préciser sa pensée : « Nous proposons ainsi d’ajouter un « scope 4 » aux trajectoires climatiques des entreprises pour prendre en compte les réelles émissions effacées pour la planète, et de le faire évaluer dans le cadre d’une norme ESG. Cet indicateur permettrait de témoigner d’un « avant » et un « après » l’action de l’entreprise et de mesurer au mieux les bénéfices écologiques et économiques créés ». Et pourquoi pas ? L’objectif, rappelle opportunément Estelle Brachlianoff, n’est  pas de décarboner le bilan d'une entreprise, mais de décarboner la planète ! Relevant de fait un paradoxe : pour améliorer son classement ESG, une entreprise a aujourd’hui plus intérêt à vendre au rabais une centrale à charbon, par exemple, qui sera reprise par un entrepreneur sans scrupules excessifs, plutôt que d’investir dedans pour améliorer sa performance environnementale. 

êtes-vous bien assurés contre le risque climatique

La question de la semaine pourrait être : êtes-vous bien assurés contre le risque climatique ? Le régime des assurances contre les catastrophes naturels (« CatNat », dans le jargon) est soumis à rude épreuve, rappellent Les Echos, qui annoncent le lancement par le gouvernement d'une "mission sur l'assurabilité des risques climatiques". L’équation n’est pas simple : les risques augmentent, leurs oncéquences financières explosent et le régime CatNat est en déficit depuis 2015.  Pas simple (les risques augmentent, l’assurance devrait être étendue, mais le régime est déficitaire). Augmentations des polices d’assurance en vue…

A propos de catastrophe, même si elle semble très peu naturelle, le désastre écologique de la semaine nous vient d’Ukraine, avec la destruction du barrage de Kakhovka. L’événement est qualifié de « pire catastrophe environnementale en Europe depuis Tchernobyl » par le vice-ministre ukrainien des affaires étrangères, Andri Melnyk. Ses conséquences, en cours d’évaluation, s’annoncent considérables pour des écosystèmes entiers. Les effets de sa destruction vont s’étendre sur 5 000 kilomètres carrés. « Petit » problème supplémentaire, s’il en fallait, l’eau disponible ne suffit plus pour refroidir la centrale nucléaire de Zaporijia.

Grosse rubrique « litiges », cette semaine ! Avec d’abord un épais rapport soulignant le risque financier croissant pour les entreprises en cas de « litige climatique ». Jusque-là, on soulignait surtout le risque réputationnel, évident, mais l’ampleur des amendes peut changer la donne pour les entreprises attaquées.

Litige toujours, encore potentiel celui-là, il ne serait pas surprenant que l’Etat de New-York attaque bientôt le Canada et ses feux de forêts qui n’en finissent pas. De fait, New-York, par la grâce de ces incendies, est devenue cette semaine la ville la plus polluée au monde ! New-York-sur-Mars, vous connaissez ?

 

Et pour en finir avec les litiges, quoique celui-ci soit de moindre ampleur, sachez que les charcutiers ont perdu en appel contre l’application Yuka, l’occasion pour celle-ci de renouveler son message principal : dans le jambon, tout est peut-être bon, mais pas les nitrites.

Pour éviter les litiges, il est préférable de faire des feuilles de route ! La feuille de route de la semaine nous vient des produits frais, et même très frais. Syndifrais a présenté sa feuille de route vers les objectifs de la loi AGEC, avec notamment des propositions sur le volume des pots de yaourt ou encore leur composition et les filières de recyclage. L’une des nombreuses feuilles de route sur lesquelles (RE)SET a eu le privilège de travailler.


Le salon de la semaine, Luxe Pack, a donné à (RE)SET l’occasion de réaffirmer son credo : décarboner, c’est bien, se ressourcer, c'est mieux! La pédagogie, c’est d’abord la répétition 😉

La journée mondiale de la semaine était le 8 juin et concernait l’Océan. L’occasion, notamment, d’admirer de splendides photos, comme celle-ci (certifiée non faite par une IA !), trouvée sur le site des Nations Unies consacré à l'événement. 


 

Le chef d’œuvre en péril de la semaine, ce sont les forêts françaises, dont les capacités à absorber le carbone ont été divisées par deux en 10 ans ! Une évolution tellement préoccupante que les scientifiques échafaudent déjà des scénarios basés sur ce nouveau paradigme : et si nos « puits de carbone » devenaient, en net, des « sources de carbone » ... ?

Notre crise écologique serait-elle avant tout spirituelle ?

L’approche transitionnelle de la semaine que l’on n’attendait pas permet de donner une traduction théologique à la révolution en cours : Notre crise écologique serait-elle avant tout spirituelle ? Il faut relire, semble-t-il, les écrits, du Pape François.

La devinette de la semaine dernière était d’une facilité déconcertante pour ceux ayant attentivement lu la Breaking (RE)NEWS et suivi ses nombreux liens hypertexte : combien les pétroliers devraient-ils payer pour compenser les dégâts qu’ils causent à l’environnement ? Réponse : les 21 plus gros groupes mondiaux du secteur pétrolier et gazier devraient payer pour compenser les émissions de gaz à effet de serre générées depuis 1988 (début des travaux du GIEC) par leur activité 209 milliards de dollars par an (193 milliards d’euros) entre 2025 et 2050. Soit la coquette somme de 5 225 milliards de dollars cumulés sur la période !

La devinette de la semaine est une photo choc, prise cette semaine. De quoi s’agit-il ?


Bonnes lectures et bon week-end !