Préférez-vous « mourir de chaud », ou « mourir de froid » ? On parle au sens littéral, bien sûr. De votre réponse à cette question devrait dépendre votre choix de lieu de résidence principale. Et comme nous sommes là pour vous aider (ne nous remerciez pas), voici quelques indices. La ville la mieux placée en Europe pour décéder des suites d’une température extérieure trop élevée, en cas de canicule, est Paris. En revanche, si vos préférences personnelles vous poussent à préférer la mort par refroidissement, alors il vous faut traverser la Manche : Londres est la ville d’Europe où le risque de mourir est le plus élevé en cas de vague de froid. Tels sont les résultats rapportés par une étude récemment publiés dans l’édition consacrée à la santé planétaire de la revue scientifique The Lancet, un magazine des plus sérieux. Si vous avez (désormais) quelque chose contre Paris ou Londres, vous pourrez trouver tous les résultats détaillés, ville par ville, en anglais, ici.
Ne déménagez pas tout de suite, lisez tout de même la suite de cette Breaking (RE)NEWS !
La restauration de la nature et de la biodiversité
L’actualité phare de la semaine est le récit d’une bataille homérique, engagée à Bruxelles, Strasbourg et dans toutes les capitales européennes : celle du projet de règlement sur la restauration de la nature, élément clé du « Pacte Vert » prôné par la Commission Européenne, axé sur la biodiversité au sens large. Les « divisions » semblent de force quasi-égales au sein du Parlement européen. De sorte que si un amendement de rejet du texte avait été retoqué il y a quinze jours, une majorité n’a en revanche pas pu se dégager pour approuver le texte cette semaine. Un partout, balle au centre, comme on dit. Il s’agit pourtant d’ « inscrire dans le marbre communautaire l’accord de Montréal sur la biodiversité et ses objectifs, comme celui de restaurer 30 % des surfaces terrestres et marines dégradées d’ici à 2030 », rappelle Le Monde, qui poursuit : « C’est une bataille d’une rare intensité entre d’un côté, Manfred Weber, le président du groupe PPE, allié à l’extrême droite, et de l’autre, Pascal Canfin, le président macroniste de la commission environnement, derrière lequel se sont rangés les Verts, les sociaux-démocrates (S&D) et une partie de ses amis politiques, les libéraux de Renew Europe. Les premiers demandent le retrait pur et simple de la loi sur la restauration de la nature, les seconds veulent la sauver. » Au-delà même des enjeux sur la biodiversité, c’est en réalité l’ensemble du Pacte Vert qui se retrouve en péril, Manfred Weber surfant sur un thème lancé (involontairement, semble-t-il) par Emmanuel Macron : la « pause réglementaire ». En réalité, c’est dès septembre 2022 que Manfred Weber appelait à un moratoire sur le volet environnemental du Pacte, s’en prenant explicitement aux textes sur la restauration de la nature et sur la baisse de l’usage des pesticides. Ils menacent la production agricole, compromettent la sécurité alimentaire et font encore monter le coût de la vie, argue le Bavarois de la CSU, des argumentaires qui nous en rappellent d’autres…. Du point de vue de Pascal Canfin, c’est exactement le contraire qui est vrai. Le compromis semble donc difficile même si, s’agissant du fonctionnement de l’UE, il est structurellement nécessaire pour avancer… Le prochain round, que l’on espère conclusif et positif (pour le Pacte Vert) se tiendra à la séance plénière de juillet, qui se tiendra à Strasbourg du 10 au 13.
Place aux rubriques hebdomadaires, avec pour débuter la petite musique de la semaine : c’est celle du désormais fameux rapport Pisani-Ferry et de sa proposition d’impôt exceptionnel sur le patrimoine financier des plus riches, qualifié selon les gazettes de « piège à con » par le Président Macron. Il séduit en sourdine à gauche mais aussi désormais jusqu’à certains députés macronistes.
Le sommet de la semaine était celui sur le nouveau pacte financier mondial organisé à Paris, destiné notamment à trouver un mécanisme de compensation payé par les pays développés pour ceux en développement afin de faciliter leur transition. Comme l’a malicieusement titré Le Monde à l’issue du sommet, ce pacte reste un projet !Ce sujet est pourtant la clé de la transition environnementale : sans partage de l’effort, pas d’actions dans les pays en développement. Du côté de (RE)SET nous étions au Vietnam la semaine dernière, aux côtés d’Expertise France, pour accompagner le gouvernement dans sa réflexion sur une nouvelle fiscalité verte, l’émission de dette souveraine verte ou encore la mise en place d’un marché carbone.
Libération de C02
Ce qui nous amène à la libération de CO2 de la semaine, ou plutôt de toute l’année dernière, pour cause de destruction des forêts primaires tropicales : 2,7 milliards de tonnes de CO2, soit l’équivalent des émissions annuelles de l’Inde (pays désormais le plus peuplé du monde) selon le WRI (World Resources Institue). La déforestation continue de s’accélérer, la planète perdant l'équivalent d'un terrain de foot toutes les cinq secondes, malgré les engagements pris lors de la COP26 à Glasgow. Le déboisement répond parfois à un impératif d’autonomie alimentaire, comme en Chine où il est officiellement assumé et planifié.
Peu enthousiasmant, le record historique de la semaine est précisément celui des émissions de gaz à effet de serre émanant du secteur de l’énergie : elles ont pulvérisé l'an dernier leur niveau d’avant COVID, qui constituait déjà un plus haut historique, selon l’Energy Institute. « La consommation mondiale d’énergie primaire a augmenté d’environ 1 % en 2022, ce qui représente une hausse de près de 3 % comparé aux niveaux pré-Covid de 2019 », selon cette étude. Les carburants fossiles restent largement dominants, et représentent 82 % du total des énergies consommées, malgré la montée en force des renouvelables, précise cette étude annuelle. Sans surprise, le dernier rapport de l’Agence Internationale de l’Energie nous apprend par ailleurs que la demande pétrolière se dirige vers un nouveau record historique en 2023. Le tout à l’opposé de ce qui est requis par les Accord de Paris.
émissions de gaz à effet de serre et de développement des énergies alternatives à l’horizon
Dans ce contexte, le premier épais rapport de la semaine ne nous surprend pas. Il émane de la Cour des Comptes Européenne, qui nous dit clairement que les objectifs de l’UE en termes de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de développement des énergies alternatives à l’horizon 2030 « ont du plomb dans l’aile ». Un point positif néanmoins : « Les émissions de gaz à effet de serre des Vingt-Sept ont diminué de 26 % entre 1990 et 2019 alors qu’elles ont augmenté de 57 % à l’échelle mondiale sur la même période. En conséquence, la part de l’UE dans les émissions mondiales est passée de 15,3 % à 7,9 %. » Mais un peu plus loin dans le rapport, on comprend que cette diminution dans l’UE a été presque intégralement compensée par l’accroissement des émissions indirectes via les importations.
Le second épais rapport de la semaine va dans le même sens. Il a été rédigé par le Haut Conseil pour le Climat, instance indépendante, et appelle la France à « acter l’urgence et à accélérer » une action jugée insuffisante. Le Haut Conseil juge que la France a été dépassée par les événements climatiques qui l’ont frappée en 2022. Elle appelle le gouvernement à presque doubler la réduction des émissions de gaz à effet de serre. « L'adaptation doit changer d'échelle et devenir transformatrice », explique la climatologue Corinne Le Quéré, qui préside ce Conseil. Elle estime que le nouveau cadre de référence annoncé par le gouvernement – à savoir s’adapter à un réchauffement de + 4 °C en métropole en 2100 –, est « cohérent ». Ce qui revient à acter l’échec redouté des accords internationaux…
La pollution de l’air
La pollution de l’air qui vient de loin était cette semaine d’origine canadienne : les nuages chargés de particules fines issues des incendies géants ont traversé l’atlantique et atteint nos côtes. Heureusement sans dommage excessif, nous dit-on, une bonne partie de la pollution associée s'étant abîmée en mer, comme l'illustre cette image :
La « Une » de la semaine s’attarde sur les records de température des océans, évoqués dans notre précédente Breaking (RE)NEWS. Le quotidien Libération a trouvé la formule choc, qui paraphrase l’ancien Président Chirac :
Le nouveau concept de la semaine a pour nom « technosolutionnisme ». Il se veut plutôt péjoratif, mettant à l’index celles et ceux qui pensent que la technologie permettra, sans autre effort, de résoudre tous les défis de la transition. Là comme ailleurs, il faut savoir trouver le bon équilibre😉
Dans le même esprit, les nouveaux mots de la semaine concernent l’inflation. Novethic les a recensés avec précision. On vous laisse découvrir ce que signifient heatflation, greenflation, excuseflation, fossilflation et autre shrinkflation, même si certains parlent d’eux-mêmes.
L’énigme inattendue de la semaine : pourquoi les cheveux de nos sénateurs sont-ils encore plus pollués par les terres rares (entre autres) que ceux de la population générale ? Un début de réponse a été apporté par les experts : cela est lié à l’utilisation importante et régulière des téléphones, ordinateurs portables et tablettes. Vous savez ce qu’il vous reste à faire 😊. L’analyse des cheveux est d’ailleurs très tendance cette semaine parmi nos élus et les députés, de leur côté, ont fait des découvertes intéressantes. On s’en doutait, les polluants éternels sont partout : dans les fleuves, l’eau du robinet, les œufs et même dans les cheveux de notre représentation nationale. Des tests effectués sur quatorze élus (écologistes) ont ainsi révélé la présence de substances poly- et perfluoroalkylées (PFAS) dans les cheveux de tous les parlementaires.
La pénurie de la semaine est celle d’orange et, fatalement, de son délectable jus qui fait le bonheur des enfants (et des plus grands) : sécheresse, tempêtes, inondations… La production agricole souffre. La Floride enregistre ainsi sa plus petite récolte d'oranges depuis un siècle. Le Mexique et l'Espagne sont aussi concernés, entraînant une hausse des prix dans les rayons et des pénuries sur le marché mondial.
L’innovation de la semaine est un meuble, dont il vous a déjà été parlé ici. Maintenant il existe, il fonctionne et même, il plaît. Il s’agit de la traduction concrète du consortium imaginé avec (RE)SET, « Pharma-Recharge » : concrètement, il s’agit d’un meuble commun pour 15 produits dermo-cosmétiques iconiques du quotidien, issus de 5 marques concurrentes. Pour le concevoir, le consortium a choisi pour la structure du meuble l’entreprise Mobil Wood, entreprise de mobilier éco-conçu en bois d’origine française, et pour les fontaines Jean Bouteille, entreprise à impact pionnière dans la mise en place de solutions vrac et de réemploi. Le consortium a également sélectionné un flacon de 500 ml en verre commun pour l’expérimentation, compatible avec la majorité des produits.
La première interview de la semaine se veut optimiste. Dans La Tribune, notre ministre de l’Industrie, Roland Lescure, l’affirme avec force : l'industrie permet de réconcilier économie et écologie. Faire rimer écologie et économie, c’est un peu notre spécialité, chez (RE)SET 😊. L’affirmation venait en soutien au projet de loi Industrie Verte, passé sous les fourches caudines du Sénat pour mieux revenir bientôt sous celles de l’Assemblée nationale. Nous en reparlerons.
La seconde interview de la semaine est de la même eau et concerne le même sujet. L’Usine Nouvelle interrogeait Bruno Bonnell, Secrétaire Général pour l’Investissement. Un peu comme le projet de loi Industrie Verte, il parle beaucoup de décarbonation, assénant même : « Ma plus grande bataille est de faire comprendre l'importance de la décarbonation ». Heureusement, le patron de France 2030 parle aussi d’autres choses, y compris de la ressource et, singulièrement, de l’eau : « Nous avons décidé de faire un effort sur un domaine qui aurait dû être pris en compte dès le départ : c'est l'eau. Cela concerne aussi bien la désalinisation, le recyclage de l’eau, sa réutilisation en milieu agricole ou la double circulation d’eau dans les bâtiments. (…) Le budget n’est pas défini, mais devrait tourner autour de quelques centaines de millions d'euros. On espère être prêt entre septembre 2023 et milieu 2024 pour lancer des appels à manifestation », précise-t-il. Bonne nouvelle !
La rubrique biodiversité de la semaine laisse, au-delà des querelles européennes, la part belle au tigre qui envahit l’hexagone... On parle bien sûr du « moustique-tigre », qui connaît un développement fulgurant depuis dix ans, bien aidé en cela par le réchauffement climatique, la chaleur accélérant son métabolisme. Pour vos vacances imminentes, privilégiez les spray anti-moustiques prévus pour les zones tropicales…

La condamnation de la semaine stigmatise l’Etat français, jugé responsable et en faute pour protection insuffisante de la biodiversité. L’épilogue d’une action en justice lancée en janvier 2022 par cinq ONGs. Le tribunal administratif de Paris a reconnu l’existence d’un "préjudice écologique" résultant de la « la contamination généralisée, diffuse, chronique et durable » des eaux et des sols par les produits phytopharmaceutiques et du déclin de la biodiversité et de la biomasse. L’instance enjoint en conséquence l’Etat de prendre « toutes les mesures utiles » de nature à réparer ce préjudice et à prévenir « l’aggravation des dommages » d’ici au 30 juin 2024.
La pétition de la semaine, enjoint à « mettre fin au plein de vide!» Cela semble mystérieux mais ne l’est pas : des ONGs dénoncent l’utilisation parfois abusive dans l’alimentation d’emballages manifestement trop grands pour leur contenu. Du suremballage. Avec une conséquence doublement préjudiciable : à la planète d’abord, avec le trop plein de plastique inutile ; au consommateur ensuite, qui peut se retrouver fort déconfit à l’ouverture d’un emballage aux trois quarts remplis de… vide ! Il semble que les industriels travaillent à les réduire, et en tout état de cause le règlement européen sur les emballages en dira un mot. En toute chose mieux vaut s’auto réguler qu’attendre des régulations…
La fermeture administrative de la semaine est celle de l’aciérie ArcelorMittal de la Fos sur Mer, une industrie pas encore très verte 😉. L’inspection du travail a constaté après enquête sur place que les salariés étaient exposés à diverses substances cancérigènes.
La devinette de la semaine dernière concernait un nouveau type d’emballage assez particulier, une première mondiale. Sa spécificité ? Il discute avec vous ! Intégré au colis THE BOX, THE chatBOX se veut un emballage intelligent. Affaire à suivre.

La devinette de cette semaine prend de la hauteur, et même beaucoup (c‘est un indice). De quoi s’agit-il ?
Bonnes lectures et bon week-end !