BREAKING (RE)NEWS 23 juin : Biomasse, avion verte, décabonnation


#BREAKING (RE)NEWS
23-06-2023

Émissions C02 des avions et l’avion verte

Commençons, c’est devenu une tradition, par un petit bulletin météo mondial. Avec quelques records ébouriffants :  40°C à Saint-Jean-de-Minervois dans l'Hérault, 39,4 degrés à Pékin (la température sur le bitume a localement dépassé les 50°C), 49,8°C à Zabol, dans l'Est de l'Iran, 47,4°C à Ciudad Victoria au Mexique avec des pointes à 50°C. Et la chaleur devrait s'intensifier les prochaines semaines…

Voilà pour le contexte 😊. Maintenant, place à la vie des entreprises. Et d’abord aériennes, avec la clôture il y a quelques jours du Salon du Bourget, l’occasion d’un joli jeu de mots signé Novethic : l'avion fait son chaud!


Les « professionnels de la profession » ont le sourire : le trafic a retrouvé son niveau d’avant-COVID, avant de le dépasser en fanfare. Selon Boeing, la flotte d’avions commerciaux devrait doubler dans les 20 prochaines années : 48 575 appareils seront en service en 2042, contre 24 500 l'année dernière. L'Amérique du Nord absorbera 23% de ces nouveaux avions, l'Asie-Pacifique 22%, l'Eurasie 21% et la Chine à elle seule 20%. Et « en même temps », l’Association internationale du transport aérien a réitéré ses promesses d’émissions nulles de CO2 d’ici 2050, conformément à l’Accord de Paris. Un pari qui peine à convaincre les experts, mais qui reste le cap choisi par le secteur qui représente aujourd’hui 3% des émissions mondiales de CO2. Un « en même temps » qui séduit l’opinion : un sondage IFOP pour Groupe ADP et La Tribune révèle que 80 % des Français préfèrent des appareils plus propres à une réduction du trafic par la taxation des billets ou des quotas de vols…

La France entend donc être à la pointe de ce miracle espéré. Notre Ministre des Transports l’a affirmé dans un tweet : « Il n’y aura pas d’aviation sans décarbonation ; il n’y aura pas de décarbonation sans l’aviation. Il faut investir dans le progrès : la France sera la pionnière de l’avion vert ! C’est ce que vient d’annoncer @EmmanuelMacron ✈️🌳 ». Place, donc, à l’avion vert, qui pour l’instant relève d’un greenwashing avéré. Demain, nos avions seront « ultra-sobres ». C’est-à-dire, si l’on a bien suivi, qu’avec beaucoup de R&D, pas mal de milliards d’euros publics et privés, et un peu de chance, nos futurs avions seront équipés de moteurs plus sobres de 20% que les actuels. On n’est pas Prix Nobel de mathématiques, mais on peut se demander si ces 20% seront suffisants pour surcompenser un doublement du nombre de vols… Recours au biocarburants (lesquels ? ceux qui sont en concurrence avec les cultures vivrières, ou leurs déchets ?) puis peut-être, au-delà de 2050, à l’hydrogène « vert » peineront à atteindre les objectifs, comme l’indiquent plusieurs rapports de la Cour des Comptes et du Sénat. Avec quelques incertitudes annexes, rappelle Le Figaro, s’agissant du SAF (« sustainable aviation fuel ») et singulièrement de son prix. Quand une tonne de kérosène vaut 1 000 euros, une tonne de carburant d'aviation dit « propre » s'élève en France à 5 000 euros. Aux États-Unis, grâce aux subventions publiques, cela revient aux compagnies à 2000 euros. Bref, le modèle économique ne semble pas encore au point.

La neutralité carbone et la biomasse

Chacun a désormais bien compris les vertus et l’intérêt majeur de la biomasse. Presque trop bien compris au point que, pour reprendre le titres des Echos, cette ruée vers la biomasse inquiète les pouvoirs publics : « Y aura-t-il assez de déchets agricoles et forestiers pour alimenter les méthaniseurs et autres usines de biocarburants indispensables pour atteindre la neutralité carbone en 2050 ? (…) Tout le monde est en train de comprendre que la clé pour se décarboner réside dans la biomasse. Pour l'électricité, il y a des solutions pour en produire plus, le plus vite possible. Pour la biomasse, c'est très différent : elle se renouvelle à un rythme très lent. Elle constitue aussi une ressource à partager, avec les usages agricoles et forestiers, car les forêts agissent comme des puits de carbone », résume Jules Nyssen, le président du syndicat des énergies renouvelables.  On ajoute que tout le monde a besoin de biomasse : le textile et le packaging pour sortir du tout plastique, le bâtiment pour sortir du tout béton avec le bois, la chimie et les matériaux pour varier ses intrants. Conflits d’usage en perspective…

Chez (RE)SET on propose d’ailleurs depuis quelques semaines un « sommet des usages industriels de la biomasse » pour faire un point avec tous les secteurs : quantification des besoins, R&D nécessaire, coûts du développement, biomasse marine, agricole ?

 la transition économique et environnementale

Tout cela constitue un opportun rappel de ce que l’enjeu réel de la transition économique et environnementale aujourd’hui n’est pas la décarbonation mais bien, au-delà, la ressource et sa gestion. Youmatter l'écrit clairement : « Il faut retrouver une approche systémique. Pour agir de façon efficace sur leurs enjeux de durabilité, les entreprises doivent donc aujourd’hui sortir de l’aveuglement qu’a provoqué l’omniprésence de la crise climatique. La RSE, ce n’est pas que le climat. L’écologie, ce n’est pas que le carbone. Les autres enjeux environnementaux et sociaux sont essentiels pour faire émerger une économie soutenable et les entreprises devraient aujourd’hui intégrer toutes ces problématiques au cœur de leurs réflexions stratégiques. » Chez (RE)SET, on applaudit des deux mains !

Ce qui nous offre une « transition naturelle » vers nos rubriques hebdomadaires, en commençant par le combat de la semaine (prochaine) qui opposera les « pro » et les « anti » -règlement « Restauration de la nature ». Petit rappel de la situation : les élus européens ont botté en touche le 15 juin en reportant le vote au 27 juin. L’opposition est frontale entre ceux pour qui ce texte proposé par la Commission Européenne signe, pour faire court, la mort de l’agriculture, de la sylviculture et de la pêche en Europe et ceux pour qui au contraire il s’agit d’une « opportunité historique » pour enrayer l'effondrement de la biodiversité. On rappellera que selon l'évaluation d'impact effectuée par la Commission européenne, pour chaque euro investi dans la restauration de la nature, 8 à 38 euros sont gagnés grâce aux différents services qu'elle apporte…

Si vous n’aimez pas le coût de la compliance, essayez le coût de la non-compliance …

Union Européenne encore, avec ce projet de la semaine qui agace les constructeurs automobiles français et les ONGs, pour une fois réunis : Les Echos nous disent tout sur les "batteries-vertes" qui favoriseront les grosses berlines allemandes. Un bon moment pour rappeler que, selon L’ADEME, les voitures électriques ne seront plus vertueuses que celles à énergie fossile qu’à condition qu’elles restent petites et légères…

Europe toujours, mais hors UE cette fois, le référendum de la semaine se tenait en Suisse et près de 60% des helvètes ont dit "Oui" !  Oui à un projet de loi qui prévoit la neutralité carbone pour le pays en 2050.  Réduction progressive de la consommation de pétrole et de gaz naturel (sans toutefois l’interdire) et développement massif des énergies renouvelables, telles que l’hydraulique et le photovoltaïque. Un sujet compliqué aussi dans ce pays, qui importe la quasi-totalité de son pétrole et de son gaz et voit fondre ses glaciers en accéléré…

 

En France, le plan de sobriété de la semaine est estival : pas de climatisation en dessous de 26 °C dans les bureaux, réduction des enseignes lumineuses, de l’éclairage public, de la vitesse lors des trajets professionnels, notre ministre Agnès Pannier-Runacher a expliqué au quotidien Le Parisien que la sobriété énergétique c'est toute l'année y compris l'été!

La chronique de la semaine est à mettre au compte de Jean Pisani-Ferry qui n’en démord pas et même enfonce le clou : « il existe de très bons arguments pour un impôt exceptionnel sur le capital » pour aider au financement d’une transition écologique structurellement inégalitaire. On lui souhaite une grande capacité de persévérance pour convaincre le gouvernement actuel… Une autre idée peu dans l’air du temps est avancée dans Euractiv par l’économiste Jézabel Couppey-Soubeyran qui prône, elle, un recours pur et simple à  « la planche à billet » de la Banque Centrale Européenne, avec un risque inflationniste (a priori majeur) qu'elle estime pourtant "faible" car ce sont des dépenses utiles répondant à un besoin.

La déception de la semaine est vive car elle nous vient de l’entreprise Patagonia, connue pour ses engagements environnementaux et sociétaux, dont il s’avère qu’elle produirait une large part de ses vêtements et autres sacs de sport dans les mêmes entreprises d’Asie du Sud-Est que les champions honnis de la fast fashion. Une enquête du collectif journalistique Follow The Money démontre que si sur le papier Patagonia assure la fabrication équitable de ses vêtements, sur le terrain la réalité est différente : l’entreprise confectionne la majorité de ses produits au Vietnam et au Sri Lanka, deux pays connus pour leurs bas salaires, dans des usines exploitées en parallèle par des marques de fast-fashion. L’entreprise n’en est pas à son premier scandale. Épinglée en 2012 pour avoir utilisé du duvet issu d’oies plumées à vif, puis par Greenpeace pour la composition de ses vêtements contenant des polymères chimiques, elle avait aussi été accusée en 2015 de brûler ses invendus…

La tribune de la semaine est inattendue. Elle émane de Thierry Méline, Président de Colas France (filiale de Bouygues), qui semble apprécier la mise en place d’une REP qui a mis très TRES longtemps à voir le jour, du fait de parties prenantes hésitantes. « L’économie circulaire dans le BTP constitue une réponse efficace et compétitive aux enjeux contemporains », affirme-t-il désormais. Le secteur du bâtiment génère annuellement environ 46 millions de tonnes de déchets, soit une fois et demie la production de déchets ménagers des Français, selon le ministère de la transition écologique. Mais seuls de 40 % à 60 % des déchets issus de la construction neuve sont actuellement valorisés. Chez (RE)SET, on est impatient de voir cette REP se concrétiser.

La création de poste de la semaine est très symbolique : voici venu le temps des « chiefs nature officers » dans le secteur financier, avec la nomination à ce poste de Marc Palahi par Lombard Odier Investment Managers (LOIM). Marc Palahi, qui a pris ses fonctions le 1er juin, sera chargé de développer la stratégie de LOIM axée sur la nature, au sein de la plateforme d'investissement soutenable holistiQ. Longue vie aux chief nature officers!

Enfin, le consortium de la semaine a pour nom "Pharma-Recharge" et (RE)SET n’y est pas totalement étranger 😉. Pour la première fois, cinq laboratoires français (Laboratoire Garancia, NAOS -Bioderma - Institut Esthederm - Etat Pur, Laboratoires Expanscience -Mustela-, LA ROSÉE et Pierre Fabre Group) se sont unis pour proposer 15 produits dermo-cosmétiques iconiques dans un flacon éco-responsable à recharger en pharmacie ! Le moyen de répondre à un vrai besoin des consommateurs, des fabricants et des pharmaciens : diminuer l'impact environnemental des emballages dans ce domaine. (RE)SET est fière de les accompagner !

La devinette de la semaine dernière était cette photo. Mais pourquoi donc tenait-elle toute sa place dans cette Breaking (RE)NEWS ? Parce que ce méthanier emprunte une route de l’arctique qui n’avait jamais été ouverte si tôt dans l’année, profitant d’une glaciation en chute libre…

 

La devinette de cette semaine concerne un nouveau type d’emballage assez particulier, une première mondiale. Quelle est donc sa spécificité ?


Bonnes lectures et bon week-end !