BREAKING (RE)NEWS 16 juin : Réchauffement climatique, pollution plastique, greenwashing


#BREAKING (RE)NEWS
09-06-2023

Réchauffement climatique

Il ne faut pas reprocher au rédacteur de ces lignes de manquer d’imagination ou de se laisser aller à la facilité mais il est difficile, quand on évoque nos sujets, d’échapper au bulletin météo mondial qui emplit les colonnes des médias chaque jour un peu plus et ce, faut-il le rappeler, à juste titre. Après la « sécheresse-éclair », évoquée la semaine dernière, place donc au record mondial de températures moyennes pour un début de juin ! Auquel il faut ajouter le record mondial de température moyenne des océans en mai, ainsi que le record mondial de fonte des étendues glacées!. Ces belles illustrations nous sont offertes par Libération :

Bien sûr, ce ne sont là que des moyennes. Qui occultent les phénomènes extrêmes allant se multipliant. Méga-feux au Canada, canicules en Asie du Sud, déluges ailleurs, …

Prenant acte de ce que les engagements des Etats (Accords de Paris, …) ne seront probablement pas tenus, Le Monde a d’ailleurs lancé sa « série d’été », intitulée « Adaptation » : comment la France peut-elle s'adapter à un réchauffement climatique de 4 degrés? Le Ministre de la Transition, Christophe Béchu est désormais le premier à le dire : il faut se préparer à vivre avec des températures plus élevées et des ressources moins abondantes. Bref, à s’adapter. Le Monde a choisi de commencer sa série par la forêt, dont les lecteurs assidus de la Breaking (RE)NEWS se souviennent qu’elle absorbe de moins en moins de carbone, au point dans certaines régions françaises d’être déjà sources nettes dudit carbone. La forêt française est donc sous le feu du réchauffement, avec des conséquences économiques, sociales, sur la biomasse, … Deuxième thème retenu par le journal : la montagne, qui doit affronter la fin de l'or blanc. La région des Alpes est celle qui se réchauffe le plus en France, avec + 2 °C environ depuis 1950. Au cours des cinquante dernières années, les Alpes ont perdu un mois d’enneigement. A la fin du XXIe siècle, deux à trois mois supplémentaires seront perdus si les émissions se poursuivent au rythme actuel. Autant dire qu’il faudra apprendre à skier sur gazon…

Disons le tout net avec les co-présidents du groupe de travail 2 du GIEC, cette adaptation, cela ne va pas être simple. Hans-Otto Pörtner estime même "impossible de s'adapter à un réchauffement de 4°C", comme la France s’y prépare actuellement. Ou au moins impossible pour une partie des régions et une partie des classes sociales. Ce qui lui fait dire que « nous créons un avenir qui devient profondément injuste et invivable pour un grand nombre de personnes pauvres et vulnérables. »

Et il n’y a pas que les pays en développement qui seront les plus touchés. Ainsi la Californie, l’une des régions les plus riches du monde, est-elle d'ores et déjà en train de devenir inassurable! Méga-feux, sécheresse, déluges, les assureurs locaux refusent désormais d’inclure les catastrophes naturelles dans leurs polices d’assurance. "Un monde à +2°C pourrait encore être assurable, un monde à 4°C ne le serait certainement plus", déclarait déjà, en 2015, à la veille de la COP21, Henri de Castries, alors président d’AXA, premier assureur mondial. Il avait raison.

on essaie déjà (ou enfin ?) de faire des avions moins producteurs de gaz à effet de serre

En attendant, on essaie déjà (ou enfin ?) de faire des avions moins producteurs de gaz à effet de serre. Pas facile non plus. Les gazettes ont abondamment présenté ce jour le « plan d’Emmanuel Macron pour développer un avion moins polluant », selon le titre du Monde qui doit avoir des informations que nous n’avons pas sur les capacités d’ingénieur aéronautique du Président 😊. Il s’agit de concevoir un successeur au best-seller mondial Airbus A320, qui soit « ultra sobre », nous dit-on. Et riche en biocarburants (remarque : un sérieux problème de conflit d’usage en perspective…) et autre hydrogène bien vert.  Oui mais voilà : « il n’y a pas de solution miracle pour décarboner l'aviation », nous disent les experts. Cela, on le sait bien, chez (RE)SET, les solutions miracles pour mener à bien la transition n’existent pas ! Rêvons quand même un peu, avec ce concept d’Airbus pour un avion à hydrogène qui a de faux air de Star Wars :

 

Le greenwashing

La transition est toute trouvée avec nos rubriques hebdomadaires, qui débutent en fanfare avec l’attaque judiciaire pour greenwashing de la semaine. Elle concerne Delta Airline, pour sa communication basée sur le thème de « la première compagnie aérienne au monde neutre en carbone ». Pas vraiment besoin d'en dire plus...😉

Le « en même temps » de la semaine est encore celui du Président Macron sur l’industrie, selon Le Monde. Ou comment passer du discours de la France  "Start-up nation"» au début du premier quinquennat à celui de « la France, territoire de réindustrialisation » lourde (mais verte, espère-t-on) au milieu du second.

D’ailleurs l’interview de la semaine est celle de Bruno Bonnel, Secrétaire Général pour l’Investissement, qui dévoile dans Les Echos que « 200 usines se sont ouvertes entre 2021 et 2022 ». Le patron de France 2030 constate "une nette accélération" de la transformation de l'économie. Notamment pour passer du règne des énergies fossiles à l'électricité.

L’industrie verte

Et pour rester dans la même veine, l’industrie verte de la semaine est…allemande : Berlin mise 50 milliards d'euros pour verdir son industrie lourde. Avec un modèle quasiment inédit de « Contrat carbone pour la différence », l'Etat va compenser les coûts supplémentaires engendrés par les nouveaux procédés de production moins polluants. Une bonne idée, qui pourrait séduire Paris et amadouer Bruxelles, estime le journaliste des Echos.

La prise de conscience de la semaine, un peu tardive, concerne l’eau : « Longtemps, on a vécu comme des enfants gâtés en pensant qu’on n’allait jamais manquer d’eau », a déclaré Christophe Béchu, qui s'alarme des deux-tiers des nappes phréatiques françaises sous les normales. Pointant du doigt une bétonisation trop importante – « ces cinquante dernières années, on a plus artificialisé les sols qu’en cinq cents ans » –, le Ministre souligne qu’il n’y a pas d’autre choix que de mieux s’adapter au fait que nous aurons « moins d’eau disponible ».

A ce propos, l’idée de la semaine ne date pas d’hier : puisque l’on manque et manquera de plus en plus d’eau douce, pourquoi ne pas simplement dessaler la mer (dont le niveau monte, comme chacun sait) ? De fait, le dessalement de l'eau de mer est en plein essor, malgré son coût environnemental, apportant par exemple 70% de l’eau douce disponible en Arabie Saoudite et même 90% au Koweït, empruntant ce genre de pipelines :

 

 

Toujours concernant l’élément liquide, la consigne de la semaine est encore celle des bouteilles en plastique, avec ce que Les Echos appellent une « valse-hésitation » du gouvernement sur un sujet bien moins simple qu’il n’y paraît. Pour ou contre, le sujet est clivant car les arguments sont forts des deux côtés ! Mais comme le dit l’ADEME dans le dossier qu’elle vient de publier, pour les bouteilles comme pour le reste, « la sobriété doit venir avant le recyclage »… Après tout, la meilleure réponse à la profusion de bouteilles en plastique pourrait être de se contenter de boire l’eau du robinet -ce qui ouvre un autre débat, intéressant, sur la qualité de ladite eau 😉.

 

 

Le départ à la retraite repoussé de la semaine est celui de… notre parc nucléaire : conçu pour « travailler » 40 ans, il va devoir continuer de produire de l’énergie pendant 60 ans, en dépit de sa vétusté et des incertitudes de sécurité qui vont avec. Gageons qu’un jour ce départ à la retraite sera repoussé à… 64 ans 😊

L’une des illustrations de la semaine nous rappelle que « la possibilité d’une ile » ne concerne pas seulement la Grande Bretagne mais aussi la moins grande …

 

Ce qui nous amène à une autre illustration de la semaine. Ne dites plus « il fait un froid sibérien », vos enfants ne vous comprendront pas… On l’évoquait plus haut, la Sibérie connaît actuellement des pics de chaleur à plus de 40 degrés C :

 

 

Pour ne pas oublier la question de la diversité animale, l’interrogation animalière de la semaine concerne nos fleuves et rivières qui coulent paisiblement dans nos campagnes. Paisiblement ? En fait, non ! Car sous ces eaux calmes se noue un drame quotidien, une guerre dont le vainqueur est toujours le même : le redoutable silure, ce paria devenu encombrant. Introduit dans nos contrées dans les années 70 pour la qualité gastronomique de sa chaire, ce carnassier dont la longueur dépasse parfois les trois mètres est désormais responsable d’une sévère perte de biodiversité, ne connaissant aucun prédateur sinon… l’homme :

 

 

La devinette de la semainedernière était une photo choc. Ceux qui avaient lu attentivement le texte de la Breaking (RE)NEWS ont tout de suite percé le mystère : oui, il s’agissait bien d’une photo aérienne du barrage de Kakhovka, en Ukraine, détruit par des explosions fort peu naturelles. Pour rappel, les effets de cette destruction vont s’étendre sur 5 000 kilomètres carrés d’écosystèmes fragiles.

 

La devinette de cette semaine est une autre photo. Mais pourquoi donc tient-elle toute sa place dans cette Breaking (RE)NEWS ?

 

Bonnes lectures et bon week-end !