BREAKING (RE)NEWS 13 novembre : L'eau, rare et trop usée


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13-11-2023

Non, nous ne vous parlerons pas cette semaine de la 28ème Conférence des Parties sur le Climat de l'ONU (COP 28), sauf pour vous rappeler qu’elle se déroulera du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï et qu’elle fait couler beaucoup d’encre, sans que celle-ci nous apprenne forcément beaucoup ! L’occasion de mentionner tout de même le fait que le mois d’octobre 2023 a été le plus chaud jamais enregistré dans le monde.  Mais il n’y a pas que l’énergie et la décarbonation, dans la vie, il y a aussi, et même surtout, les ressources et singulièrement l’une d’entre elles dont on a beaucoup parlé cette semaine, en France : l’eau.

Dans une enquête passionnante, Le Monde évoque les ressources en eau de France, qualifiées «  pandémonium ». Depuis dix-huit mois, la recherche de polluants jusqu’à présent ignorés des plans de surveillance – en particulier des produits de dégradation (ou « métabolites ») de pesticides et des substances per- et polyfluoroalkylées (PFAS) –, a rendu non conforme aux critères de qualité l’eau distribuée à des millions de Français, de sorte que selon les chiffres les plus à jour du ministère de la santé et de la prévention, plus de 11,5 millions de personnes ont reçu une eau ponctuellement ou régulièrement non conforme en 2021. Cette estimation devrait être revue à la hausse en 2022 et 2023, avec l’inclusion de nouvelles substances dans les plans de surveillance. Le 22 septembre, les directeurs des agences régionales de santé (ARS) étaient conviés à un séminaire sur le sujet au ministère de la santé, raconte Le Monde. Rien n’en a filtré, à part un courriel adressé le lendemain par Didier Jaffre, le directeur de l’ARS Occitanie, à ses cadres, où transparaît une certaine fébrilité. « Très clairement, nous allons devoir changer d’approche et de discours ; il y a des PFAS et des métabolites [de pesticides] partout, écrit-il dans ce message révélé le 18 octobre par Le Canard enchaîné. Et, plus on va en chercher, plus on va en trouver. » M. Jaffre allait plus loin, jetant le doute sur la sécurité sanitaire de l’eau distribuée aux usagers…

D’ici à deux ans, l’Union européenne va contraindre les Etats membres à rechercher systématiquement ces substances dans l’eau potable. « La recherche des PFAS est rendue obligatoire dans le cadre du contrôle sanitaire des ARS à partir de janvier 2026, en lien avec les capacités analytiques des laboratoires réalisant les analyses du contrôle sanitaires, indique-t-on à la direction générale de la santé. » Une évolution qui promet de rendre plus délicate encore la situation. Il va, en effet, falloir « changer d’approche et de discours », conclu Le Monde.

D’autant qu’une nouvelle étude publiée jeudi révélait qu’environ 12 % des substances actives des pesticides de synthèse autorisés dans l’Union européenne (UE) – soit 37 molécules sur 306 – appartiennent à la famille des PFAS. Un rapport de l’association Générations futures et du réseau Pesticide Action Network Europe (PAN Europe) reprend des chiffres officiels pour affirmer que les quantités de ces « pesticides PFAS » vendues en France connaissent depuis une décennie une augmentation « spectaculaire ». Elles sont passées de quelque 700 tonnes en 2008 à plus de 2 300 tonnes en 2021. Comme dit ce personnage dessiné par Aurel, toujours dans Le Monde : « on fait dans le circuit court ! »