« Accompagner les filières d’excellence » dans les matériaux durables, la mission de Géraldine Poivert, ambassadrice de France 2030


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07-07-2022

Ambassadrice de France 2030, une nouvelle fonction honorifique ? Pas vraiment. Bruno Bonnell, qui dirige le secrétariat général pour l’investissement (SGPI) sous l’autorité de la Première ministre, pilote le déploiement et l’exécution de France 2030. Il s’est entouré de compétences dans les différents secteurs d’activités définis, en nommant des ambassadeurs et ambassadrices capables de faire le lien avec les industriels et de permettre l’émergence de filières d’excellence. Pour les matériaux durables, ils sont au nombre de huit, parmi lesquels Christel Bories, PDG d’Eramet, Jacques Vernier, président de la Commission des filières de responsabilité élargie des producteurs et Philippe Varin, administrateur de Suez. Et donc Géraldine Poivert, présidente et co-fondatrice avec Franck Gana de (Re)Set company, un cabinet de conseil créé en 2919 qui accompagne les entreprises dans leur transition environnementale et économique. « Cela fait vingt ans que je suis dans la transition économique et environnementale, rappelle Géraldine Poivert. Pour moi les deux vont toujours ensemble. Chez (Re)set, nous sommes des révolutionnaires pragmatiques. »

Une dizaine d’années à la tête d’Ecofolio

Son parcours a commencé en 2000 à la FCD (Fédération des entreprises de commerce et de la distribution), où elle entre à 25 ans. Elle devient directrice des affaires économiques, publiques et juridiques. « J’ai notamment travaillé sur l’agriculture raisonnée, j’ai fait les premiers bilans carbone, se remémore cette diplômée en sciences politiques. Je me suis confrontée jeune à de la vraie transition opérationnelle, quand il fallait notamment enlever les CFC et les HFC des frigos. Cela m’a donné un goût pour le passage à l’acte. »
En 2006, elle est mandatée par la grande distribution pour créer Ecofolio, l’éco-organisme dédié au recyclage des papiers. En une dizaine d’années, elle aime à rappeler que le taux de recyclage est passé de 41 à 55% et que 500 millions d’euros ont été investis auprès des collectivités dans le développement du tri et du recyclage en France. En 2017, elle devient directrice générale adjointe de Citeo, l’éco-organisme né de la fusion entre Ecofolio et Eco-Emballages. En 2021, elle entre au Comité national de l’Économie circulaire sur proposition de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili.

Une vision collective de la transition écologique

Chez The (Re)Set company, « nous ouvrons le capot du moteur. On invente pour des marques de sport des tissus imperméables sans plastique, pour la cosmétique leurs nouveaux intrants et leur packaging… » Elle défend une vision collective de la transition écologique. « Nous ne pouvons travailler qu’en écosystème car le savoir-faire est porté sur différents métiers, prévient-elle. Je crois à l’émulation collective. Il ne faut pas s’effondrer devant la difficulté et la victoire sera collective. »

L’ancienne patronne d’Ecofolio souhaite un quinquennat dans l’action. « Au cours du dernier mandat présidentiel, on a publié beaucoup de textes. J’espère que le nouveau quinquennat sera celui du passage à l’acte. Je pense qu’il faut être cohérent, arrêter les compromissions, réconcilier la fin du monde et la fin de mois. » Et d’ajouter : « Nous avons consommé trop de produits de mauvaise qualité avec plein d’externalités. Nous avons sacrifié la qualité intrinsèque des produits. Il faut relocaliser l’industrie et consommer local, imposer une fiscalité environnementale. Il faut mieux acheter une table en bois qu’une table en lamellé collé bourrée de colle et que l’on ne sait pas recycler. »

Répandre une parole "énergisante"

Sa mission dans France 2030 doit s’inscrire dans la continuité de son parcours professionnel. France 2030 dépensera 54 milliards d’euros pour garantir l’indépendance du pays (matériaux, composants, énergie), tout en consacrant 50% de ces dépenses à la décarbonation de l’économie avec zéro investissement défavorable à l’environnement, selon le gouvernement. Géraldine Poivert rappelle que la France a une ressource forestière « de dingue », selon l'expression désormais consacrée, qui doit permettre de développer des produits avec la cellulose et des résidus de biomasse en quantité importante qui ne sont pas valorisés… « Nous faisons de la bonne R&D. Après, je veux accompagner les filières d’excellence de demain. Je veux répandre une parole énergisante et de réalisme. Pour accélérer, il faut de l’argent et investir dans le temps long. Le saupoudrage, ça suffit. » Et si elle est persuadée que « le bénéfice environnemental des produits recyclés est déterminant », elle prône aussi la sobriété. « Le recyclage, ce n’est pas le Père Noël. A la fin, on perd toujours un peu de matière. Le mieux, c’est la matière qu’on n’utilise pas. »

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