On ne saurait que recommander aux deux qualifiés pour l'élection à la fonction suprême la lecture de cette passionnante interview


#CORPORATE
11-04-2022

On ne saurait que recommander aux deux qualifiés pour l'élection à la fonction suprême la lecture de cette passionnante interview de Dennis Meadows, en dépit du score lilliputien de leur concurrent écologiste ????


Dennis Meadows a les convictions chevillées au corps depuis 50 ans. Raillé pendant quelques décennies, comme symbole d’un malthusianisme qui s’est beaucoup trompé, il bénéficie sur le tard de toute l’attention qu’il mérite. Même si ses formules à l’emporte-pièce peuvent être mal comprises. « Croissance verte est un oxymore », ou « le développement ne peut pas être durable », ces phrases chocs dissimulent des vérités plus subtiles.
Depuis le début des années 70, le Club de Rome et son fameux rapport, co-écrit par Dennis Meadows expliquent que l’augmentation foudroyante de la population mondiale et la croissance économique continue qu’elle implique vont se heurter au mur des ressources. Pendant trente ans, les progrès technologiques et d’organisation ont permis un accroissement sensationnel de la productivité et de l’efficacité qui ont permis de reculer l’échéance.
Mais maintenant, nous y sommes. Le mur est là. Dennis Meadows a conservé son sens de la formule. En effet, « manifester contre le réchauffement ne va pas faire baisser le niveau de la mer ». Et compter sur la seule technologie pour continuer de repousser la frontière est illusoire. Il faut changer de modèle.


Le modèle circulaire est le bon. Il entraîne des conséquences économiques et sociales qui ne seront pas faciles, pas agréables pour une part importante de la population. Il y a aura évidemment des gagnants et des perdants. Et il incombe au politique de compenser autant que possible ces gains et ces pertes, au risque sinon de voir la planète se couvrir de petits gilets jaunes…


Encore faudrait-il mesurer de manière pertinente de quoi l’on parle. Quand Dennis Meadows affirme que la croissance ne peut être verte, il reconnaît lui-même qu’il se réfère au modèle traditionnel de mesure de l’activité économique, de ce fameux Produit Intérieur Brut dont on sait bien qu’il est une mesure dépassée de la réalité. Tant que l’on ne valorise pas la nature, les ressources, les économies et les dés-économies d’échelle liées au climat ou à la biodiversité dans le PIB, alors oui, Dennis Meadows a raison. Mais remplaçons la « croissance du PIB » par « la croissance du bien-être » et alors oui aussi, la croissance verte sera non seulement souhaitable mais surtout possible ! Le progrès ne doit plus se mesurer en % de croissance du PIB, mais bien en progression vers un état humain et planétaire supérieur. Les slogans affichés sur les murs de Paris en mai 1968 le disaient déjà : « on ne tombe pas amoureux d’un taux de croissance ». Mais on peut tomber amoureux d’un taux de « croissance verte » ????